En chantant gaiement
C'était dimanche,
le joyeux Jeannot,
Par grand beau temps,
Se baladait dans sa
petite auto,
En sifflotant.
Il savourait ce moment
aussi doux,
Que dans un rêve,
Mais voilà-t-y pas
que sur un caillou,
Une roue crève...
Toujours en chantant
gaiement, il descend,
Il lui en faut
Bien plus pour gâcher
son ravissement,
Au p'tit Jeannot !
Au moment de changer la
roue, il rit !
Le tête-en-l'air !
Il a bien une roue mais
pas de cric !
Que va-t-il faire ?
Toujours en chantant
gaiement, il s'en va
Vers un village
Du voisinage où il
dénichera
Bien un garage.
Lariradonli
lariradonlère.
Lariradonli
lariradonla.
Toujours en chantant
gaiement, il raisonne :
Dans ces pat' lins
Ils sont serviables, les
autochtones,
Et pas chafouins !
Ils vont me prêter
un cric sans problème,
Complaisamment,
Je suis sûr qu'ils
sont l'obligeance même,
Ces braves gens.
Tout en chantant, il
pense qu'il n'a pas
De sous sur lui..
Je ne pourrai rien
donner, quel goujat !
Pour dir' merci...
Heureusement que ces
gens-là sont braves,
Mais ça fait rien,
Je crains de passer pour
un sacré zouave,
Crénom d'un chien.
Surtout que c'est pas
vraiment garanti,
Qu'en sais-je au fond ?
Que l'on prête au
premier venu son cric,
Sans picaillon.
Lariradonli
lariradonlère.
Lariradonli
lariradonla.
Vu que de nos jours, la
plupart des gens,
On le sait bien,
Sont tracassés
plus que tout par l'argent...
C'est bien mesquin !
Peut-être vont-ils
exiger un prix
Si important,
Que je devrai rembourser
un crédit
Ma vie durant.
Car de ma détresse,
ils s'en moquent bien,
Tous ces rapaces,
Au vrai, je connais leur
but : sur mes biens
Faire main basse.
A leurs pieds, on peut
bien agoniser,
Dans les tourments,
Eux, sans un regard, vous
laissent crever,
Indifférents...
Je n'aurais pas cru qu'il
puisse exister
Tant d'abjection,
A ces cafards, montrons
d' la dignité,
Et résistons...
Lariradonli
lariradonlère.
Lariradonli
lariradonla
Ouvrant la porte du petit
garage,
Un brave père
Dit à Jeannot «
Bienvenue au village,
Que puis-je faire ? »
Le regard injecté
de sang, Jeannot,
Les poings serrés,
S'écrie : «
Je m'en fous de ton cric, salaud ! »
Et rentre à pied.